Partie 4

Le soleil était tombé sous l’horizon, Violette et Léonard était dans la diligence depuis quelques heures déjà, le silence régnait dans l’habitacle, assis côte à côte ils regardaient chacun de leur côté le paysage forestier qui défilait sous leurs yeux. La forêt d’Orfon s’étendait sur plusieurs hectares, elle était réputée pour être le repère de nombreuses confréries de malfaiteurs et de petits délinquants, elle était traversée d’une seule route cahoteuse et poussiéreuse, très étroite et cachée par le feuillage des arbres. Bien que, selon le voiturier, prendre ce chemin soit une mauvaise idée, les deux associés avaient insistés car ils savaient que c’était le chemin le plus court pour atteindre la ville de Paville. En effet, les deux villes de Paville et Hugul étaient voisines, seule la forêt les séparait et ils auraient perdu de nombreuses heures en la contournant.

« - On est bientôt arrivés ? Cette route ne me rassure pas du tout ! Dit soudain Violette.

- Il reste une heure ou deux avant d’arriver en ville je pense, et puis tu as pourtant insistée avec moi pour prendre cette route non ? Répondit Léonard d’un air calme.

- Oui j’ai insisté pour que la route soit moins longue mais je n’aime pas cette route elle me donne la chair de poule, je vais me reposer un peu avant qu’on arrive.

- Dort, je te réveillerais quand on arrivera. »

Sur ces mots Violette posa sa tête contre la vitre et s’endormi en quelques minutes. Pendant que son amie dormait, Léonard observa le visage de la jeune fille, elle avait une blanche comme de la porcelaine, son nez était fin et légèrement retroussé ce qui lui donnait un air plus enfantin, sa bouche était d’un rose éclatant, presque rouge, pourtant elle ne se maquillait pas. Il détaillait son visage, ses longs cils noirs, ses petites pointes d’oreilles qui se frayaient un chemin à travers ses cheveux brillants. Il se dit que c’était la plus jolie fille qu’il ait jamais vu, depuis qu’ils étaient petits il avait toujours été fasciné par sa beauté. Il se souvint de la première fois qu’il ne l’avait plus seulement regardée comme une jolie fille.

 C’était lorsqu’ils avaient fait leur première enquêtes tous les deux, lui avait alors environ vingt ans et elle atteignait presque la majorité, une femme avait fait appel à eux pour sécuriser une maison afin qu’elle et sa fille puisse s’abriter. Léonard et Violette étaient entrés dans une maison lugubre, sans lumière ou seul des grognements résonnaient. Léonard avait voulu prouver à Violette à quel point il était fort et qu’il pouvait s’en sortir seul, enfin, il s’était dit que c’était la seule raison qui le motivait mais en réalité il voulait surtout montrer à Violette qu’elle pouvait compter sur lui pour la protéger. Il avait alors dit à la jeune fille de l’attendre dans le couloir, il s’était élancé vers le croqueur qu’il avait repéré dans le salon et lui avait tranché la tête d’un geste presque sans effort, mais à peine s’était-il retourné qu’un deuxième croqueur se jeta sur lui, il n’eut pas le temps de brandir son épée, il était piégé par ce corps sans vie qui pourtant voulait le dévorer, il avait alors crié à Violette de se sauver. L’odeur infâme du corps en décomposition qui tentait de le tuer montait dans les narines de Léonard, il sentait que ses bras commençaient à perdre de l’énergie et qu’ils ne pourraient bientôt plus lui permettre de garder le monstre à distance. Soudain, d’un coup le croqueur ne bougea plus et tomba à terre, le jeune homme vit alors Violette face à lui, son épée était pleine de sang mais elle souriait, elle s’approcha alors de lui et dit :

- On est une équipe comment as-tu pu croire que je partirais sans toi.

Elle essuya, avec son pouce, une goutte de sang sur la joue de Léonard, les yeux de la jeune fille brillaient comme des millions d’étoiles, c’est à cet instant qu’il se rendit compte à quel point il avait besoin d’elle.