Partie 6

Violette ouvrit difficilement les yeux, la lumière était trop forte et elle n’arrivait à distinguer que quelques formes mais, son odorat qui, lui, était intacte repéra une odeur familière. Ses yeux s’habituèrent enfin à la luminosité ambiante, elle put alors observer l’environnement dans lequel elle se trouvait. Elle constata d’abord qu’elle était allongée sur un petit lit de camp peu confortable, sur elle avait été posée une couverture à carreaux qui semblait avoir été cousue à la main. La pièce était petite, elle possédait une seule fenêtre entourée de rideaux bleu ciel, les murs étaient tous blancs et vide excepté quelques photographies collées à même le mur. La chambrette était froide et impersonnelle, un lit et une table de chevet ou était posée une affreuse lampe, rien de plus. Violette fut intriguée par les photographies et tenta de se redresser pour les voir de plus près, elle sentit soudain une vague de douleur s’emparer d’elle, elle posa alors sa main derrière sa tête et découvrit, cachée sous ses longs cheveux, une bosse qui lui parut énorme. Elle resta allongée quelques minutes, fixant le plafond, elle se surprit à se parler à elle-même.

- Qu’est ce qu’il m’est arrivée encore ? Décidemment j’ai le don de me mettre dans des situations pour le moins compliquées… Je me demande ou est Léonard, j’espère qu’il va bien…

Elle se perdit dans ses pensées et se souvint de sa rencontre avec Léonard.

Leur rencontre avait eu lieu environ cinq ans après le chaos, elle avait alors treize ans et vivait dans une maisonnette abandonnée dans la périphérie de Hugul, elle allait récupérer quelques vivres chaque jour à l’ancienne épicerie qui était juste en face, à cette période elle avait tout perdu, elle n’avait personne à qui s’accrocher, et pourtant elle continuait de vivre comme si rien ne s’était passé, elle faisait un peu de ménage chaque semaine pour que la maison paraisse moins délabrée, elle passait ses journées à lire des romans et des magazines qu’elle avait trouvée dans d’autres maisons abandonnées et à dessiner. Ce jour-là, Violette était entré dans l’épicerie qui avait été désertée, elle cherchait une ou deux boites de conserves à récupérer pour la semaine, elle marchait doucement dans les petites allées comme si elle faisait ses courses dans un monde normal. Le carrelage était couvert de poussière et des débris gisaient ça et là, les étagères des rayons avaient été abîmées et la nourriture se faisait de plus en plus rare. La jeune fille se dirigeait vers ce qui semblait être une réserve quand, soudain, un homme passa la porte lentement, un de ses pied trainait sur le sol, il était maintenant à quelques mètres d’elle, elle s’aperçue alors qu’il avait un trou béant dans la poitrine. Elle comprit juste à temps que c’était un croqueur, sa réaction fut alors de s’enfermer dans la réserve. Elle s’adossa contre la porte et glissa jusqu’au sol, elle ne fit aucun bruit et attendit que le bruit des pas s’éloigne. Quand le silence total fut revenu elle prit le temps d’observer la pièce dans laquelle elle se trouvait, elle n’était pas très grande et malgré la faible luminosité elle distinguait deux étagères qui se faisait face chacune d’un côté de la pièce. Ici encore, de nombreux débris étaient présents, elle vit alors une boite briller. Elle se pencha en avant pour mieux l’observer, c’était une boite de haricots blancs ! Violette se réjouit et se dit qu’avec ça elle aurait de quoi tenir toute la semaine. Elle tendit le bras pour l’attraper mais la boite se cacha soudainement sous un gilet, elle leva les yeux et vit enfin le jeune garçon qui tenait cette boite depuis tout ce temps et qui était là, dans la même pièce qu’elle depuis le début, sous le choc elle se recula et se recroquevilla contre la porte.

- Comment tu t’appelles ? Demanda-t-il d’un ton amical.

- Violette, et toi ? répondit-t-elle d’une voix tremblante. 

- Moi c’est Léonard ! Et cette boite c’est moi qui l’ai trouvée en premier ! dit-il fièrement.