Partie 2

Ils entrèrent donc dans une petite rue plus sombre que les autres, une ruelle du genre de celle ou l’on préfère ne pas passer seul. Les deux jeunes gens arrivèrent à une porte blindée en acier pourtant discrète parmi les déchets présents dans les environs, au-dessus de l’entrée, le nom du bar était écrit avec un néon rouge qui grésillait et clignotait « Le crâne ivrogne ». Léo frappa trois coups sur la porte qui résonna, un homme rondelet au visage sévère passa sa tête dans l’entre bâillement.

- Mot de passe ? Chuchota-t-il rapidement.

- Le hibou malfaiteur tuera trois fois, répondit le jeune homme d’un ton las.

Le tavernier ouvrit la porte juste assez pour que les deux amis puissent rentrer, il jeta un coup d’œil dans la ruelle pour vérifier que personne ne les avaient suivi puis referma lentement la porte et tous les verrous. Violette observa la salle qui était située en sous-sol et ne possédait pas de fenêtre, elle aurait jurée qu’un gobelin était mort depuis des semaines sous un des meubles tant l’odeur qui régnait ici était nauséabonde. La taverne était vide, il n’y avait que quatre tonneaux au milieu de la pièce autour desquels on pouvait s’asseoir sur des tabourets en bois qui semblaient fragiles.   L’homme était imposant, il avait le crâne chauve qui luisait sous la lumière des torches murales, il avait une cicatrice sur tout le côté droit du visage et une blessure à peine recousue sur son avant-bras gauche, il n’avait pas dû avoir une vie facile depuis que le monde avait changé pensa Violette en le voyant s’approcher de la table ou elle s’était assise avec son ami. Quand il fut plus près elle remarqua une flèche tatouée sur sa nuque.

« - Alors jeune gens, qu’est-ce que je vous sers? demanda-t-il d’une voix forte et qui semblait amicale.

- On va prendre deux bières Huguloises ! affirma Léo d’un ton enthousiaste.

L’homme acquiesça et s’en alla vers son bar d’un pas lourd. Léo attira l’attention de Violette qui s’était encore perdue dans ses pensées.

- Bon il faut qu’on parle, j’ai recu une lettre de Madame Rupert ce matin … Dit-il tout bas en observant le tavernier.

- Bon, et que disait-elle dans cette lettre ? Hasarda-t-elle en sentant le poids du regard du propriétaire peser dans son dos.

- Elle nous confie une nouvelle affaire, elle pense que son fils fait partie d’un groupe de Silvers.

- Encore une affaire inintéressante qui sera vite résolut, chuchota-t-elle tandis que l’homme imposant revenait chargé de deux pintes d’une bière verte et visqueuse. »

Les deux associés s’interrompirent pendant que le tavernier déposait les boissons sur le tonneau, il lança un regard malveillant et plein de haine en direction de Léonard. Soudain tout s’accéléra sous les yeux de Violette, elle n’eut le temps de battre des cils que Léonard se redressa et enfonça une dague dans la main que le brigand avait posé sur la table, il n’eut pas poussé un cri que le jeune homme vif comme l’éclair prit sa pinte et le frappa au menton tandis que sa main était toujours clouée au tonneau. A la vue de ce spectacle Violette resta paralysée un court instant puis prise d’un élan de courage et de peur elle prit sa pinte à deux mains et l’éclata sur la tête du scélérat qui tomba à terre, sous la violence du choc il ne se releva pas. Léonard récupéra sa dague toujours planté profondément dans la main de l’homme à présent dans un profond sommeil, puis, il s’avança vers la porte et fit signe à Violette de le suivre sans faire de bruit. Il ouvrit la lourde porte de métal et inspecta la ruelle, il laissa la demoiselle sortir puis la suivi en refermant la porte sans un bruit.

« - Ou va-t-on maintenant ? Que fait-on ? demanda Violette d’un air à la fois égaré et surpris.

- Hum … Allons chez toi on sera plus tranquille … Annonça-t-il le plus normalement du monde.

- Mais… Pourquoi t’es-tu battu avec cet homme au fait ? C’était un ancien ami ? dit-elle d’un ton enfantin.

- Je t’expliquerais quand on sera dans un coin plus calme, tout ce que je peux te dire pour l’instant c’est que ce n’était pas un ami… »