Partie 14

Il était six heures du matin quand Violette ouvrit ses yeux, elle les frotta puis alla s’asseoir sur le fauteuil, avec un sentiment de plénitude elle observait la forêt. Depuis ce terrible jour la nature avait lentement mais surement reprit le contrôle du continent, chaque jour l’herbe gagnait du terrain et chaque jour la cime des arbres s’approchait des nuages. La forêt d’Orfon était la plus grande de la région et, malgré que de nombreux bandits y est élu domicile, elle était aussi la plus belle. De là où elle était, Violette avait une vue digne d’une carte postale, la douce lumière du soleil se faufilait entre les feuillages des poussifères, ces grands arbres typiques de cette forêt, sur les branches, on pouvait apercevoir quelques écureuils qui grignotaient. Un buisson se mit à frémir, Violette l’observa et en vit sortir un magnifique cerf, ses bois dorés dans lesquels se reflétait le soleil émerveillèrent la jeune fille, d’un pas lent il se dirigea vers la rivière ou, la veille, elle et Léonard s’étaient embrassés, elle osait à peine y penser. Le lit de la rivière était calme et paisible, quelques poissons sautaient hors de l’eau, la berge était parsemée de lysimaques, de renoncules et d’œnanthes. Violette remonta ses genoux jusqu’à sa poitrine et les entoura de ses bras, elle tourna la tête pour regarder Léonard qui dormait d’un sommeil profond et réparateur, il était allongé sur le dos, ses bras derrière la tête, comme s’il regardait le ciel. Même si ses yeux étaient fermés son visage était serein, ses lèvres esquissaient un sourire, Violette se dit qu’il rêvait sans doute. Elle jeta un coup d’œil dans la pièce et vit le jeune garçon s’étirer puis se frotter les yeux. Il tourna la tête vers elle.

- Bonjour, tu as bien dormi ? demanda Violette.

- Oui, je dois dire que je me suis senti plus en sécurité avec vous deux, répondit le jeune garçon.

Violette lui sourit et ne répondit rien. Elle regarda le sol quelques instants puis pencha légèrement la tête sur le côté, elle glissa ses doigts plusieurs fois dedans, Lissandre trouva ses gestes doux et sensuels. La jeune fille, se sentant observée, coiffa rapidement ses cheveux d’une longue tresse qu’elle attacha avec une brindille.

- D’après ce que je vois tu te débrouilles très bien dans la forêt pour ton âge, dit Violette pour relancer la conversation.

- Oui, c’est Adamanthe, mon ami Silver qui m’a appris tout ça, et puis il m’a laissé sa cabane et… Commenca le jeune garçon.

Lissandre lanca un regard triste à Violette.

- Et puis il est parti, dit-il enfin.

Au moment où Lissandre finissait sa phrase, Léonard sorti de son sommeil dans un bâillement bruyant. Il s’étira longuement, se frotta les yeux, réajusta ses vêtements puis remis son porte-épée autour de sa taille. Lorsqu’il eut enfin finit il se tourna vers ses camardes qui avaient interrompu leur conversation et le regardaient d’un air surpris.

- Vous êtes réveillés depuis combien de temps ? demanda-t-il.

- Pas longtemps, répondit rapidement Violette.

Léonard observa quelques secondes les aiguilles de sa montre d’un air soucieux.

- Mince, on a dormi trop longtemps, il est déjà huit heures, préparez-vous et on y va, annonça-t-il alors qu’il mettait ses bottes.

Sur ces mots, les trois compagnons prirent leurs affaires et quelques autres documents puis descendirent l’échelle un à un.