Partie 15

Après avoir déambulé dans la forêt et s’être trompé trois fois de chemin, le petit groupe aperçu enfin la demeure de Madame Rupert. Léonard effleura à peine la porte qu’elle s’ouvrit violemment et Madame Rupert serra son fils dans ses bras, elle lui caressait les cheveux et l’embrassait sur le front tout en pleurant. Lissandre la regarda d’un air surpris et lui tapota le dos pour la réconforter. Violette et Léonard qui observait la scène furent émus de ces retrouvailles, ils s’apprêtaient à partir quand la femme se détacha de son fils et leur demanda d’entrer prendre un thé. Ils acceptèrent et allèrent s’asseoir autour de la table. Madame Rupert parut plus calme et habile que lors de sa première tentative la veille. Quand tout le monde fut servi elle s’assit en bout de table.

- Je ne vous remercierais jamais assez de m’avoir ramené mon fils, dit-elle en déposant sur Violette et Léonard un regard de reconnaissance.

Un court échange de regards passa entre les trois jeunes gens, ils semblaient gênés.

- Que ce passe-t-il ? Pourquoi faites-vous ces têtes-là ? demanda-t-elle d’un air inquiet.

- Maman … commença Lissandre d’un ton grave.

Léonard but une gorgée de thé puis posa sa tasse, il jeta un coup d’œil à Lissandre puis à la maitresse de maison.

- Madame, votre fils a des projets très intéressants seulement, suite à leur exécution il risquerait d’être attaqué, c’est pourquoi nous lui avons proposé de venir avec nous pour que nous puissions le protéger, annonça Léonard d’un ton qui paraissait calme.

- Et je leur ai dit oui maman, conclut le jeune garçon.

Violette qui n’avait pas prononcée un seul mot et qui observait la scène en se cachant derrière sa tasse vit le visage de Madame Rupert s’empourprer, ses yeux lançaient des éclairs en direction de Léonard et ses ongles s’enfonçaient dans le bois de la table. La femme se leva soudain d’un bond et posa ses mains à plat sur la table en se penchant vers Léonard.

- Je vous demande de retrouver mon fils et quand vous me le ramenés vous me le reprenez ! Cria-t-elle.

- Nous en avons discuté avec … commença Violette qui ne put finir sa phrase.

- Je me fiche de qui a discuté avec vous ! Ça pourrait bien être le roi que ça me serait complètement égale, vous me volez mon unique fils ! Vous l’avez corrompu ! S’écria-t-elle de nouveau.

- Maman, ils m’ont proposés et j’ai longuement réfléchis, c’est la meilleure solution si je veux finir mes projets, s’ils ne me protègent pas je risque de mourir alors que si je pars avec eux je reviendrais près de toi dès que j’aurais atteints mon but.

La femme observa chacun des jeunes assis autour de la table avec des yeux ronds, son visage était sans émotion et paraissait figé, elle passa lentement une main sur sa bouche puis tomba sur sa chaise. Elle posa ses coudes sur la tables et prit sa tête entre ses mains, quelques mèches de cheveux lui tombaient sur le visage et lui donnaient un air sombre et mélancolique.

- Partez … dit-elle dans un murmure désespéré.

Les trois compagnons se regardèrent quelques secondes, ils se levèrent et se dirigèrent vers la porte, Lissandre était le dernier a sortir, il se tourna vers sa mère qui n’avait pas bougée.

- Ne t’en fais pas maman je reviendrais bientôt te voir, lui dit-il d’un ton qui se voulait joyeux et rassurant.

Aucune réponse ne se fit entendre, c’est avec un sentiment de profonde tristesse que le jeune garçon passa la porte. Il s’arrêta quelques instants sur le palier.

- Non… Ne reviens pas… Ce n’est pas la peine, murmura la mère dans un sanglot étouffé.

Sur ces mots, Lissandre mit lentement un pied devant l’autre pour rejoindre Violette et Léonard qui l’attendait quelques mètres plus loin.